CHAPITRE I
CHAPITRE I
Le soleil daignait se lever
sur Stymfallan. Comme chaque matin, Scarv sortait sa tête de son sac de
couchage improvisé de quelques feuilles. Cette nuit avait été comme les
précédentes, accompagnée de cauchemars qui ne cessaient de le tourmenter.
Chaque jour, il se demandait si ce cauchemar répétitif n’était pas une
prémonition, mais Scarv avait la qualité de ne pas être superstitieux, si l’on peux appeler ça une qualité.
Après s’être levé, il
entendit un bruit venant de derrière des broussailles où il avait auparavant
prit la peine de poser son sac, hors de portée de vue des brigands. Il se dirigea
vers sa dague et en pris possession juste avant de s’approcher du buisson en
question. Marchant à pas de loup, notre ami arriva donc devant l’arbuste, et
l’écarta d’un coup sec, laissant découvrir un petit animal ressemblant à un chien
en train de grignoter une partie de ses réserves. Scarv cria pour l’éloigner,
mais le chien semblait ne rien entendre. Notre ami, déterminé à garder son goûter,
donna un léger coup dans le flan de la bête. Elle fut surprise et tourna la
tête pour voir ce qui se passait. Lorsqu’elle aperçut le jeune garçon, elle se
mit à détaller vers la forêt avec le repas de Scarv dans la gueule. Celui-ci
essaya tant bien que mal à la suivre mais fut vite perdu dans l’immense forêt.
Depuis combien de temps était-il parti du camps ? Cette question lui
faisait se demander s’il ne devenait pas dingue au point de devenir amnésique.
Soudain, le petit animal fit montrer le bout de son nez. Malheureusement pour
lui, Scarv le repéra et s’approcha à pat de loup. Il était décidé à récupérer
le seul goûter qu’il avait emmené du village. Son grand père avait l’air désolé
quand le jeune homme fut emmené de force chez lui pour prendre le plus
d’affaires qu’il pu, mais malheureusement, les brigands lui en avait volé un
bonne partie. Rien que de sentir l’odeur de la maigre barre de céréales le fit saliver. Puis, d’un coup sec, arracha
le repas des pattes de l’animal, qui, tenant aussi à faire festin, resta
accroché sur la barre, mais Scarv réussit. L’animal ressemblant à un écureuil,
ayant l’air triste, tourna des tallons et rampa jusqu’à un arbre, mais il fut
pris avant par Scarv, voulant l’examiner. Il était marron avec une sorte de
crinière rouge, de petites pattes antérieures et de longues postérieures lui
permettant de sauter à plus de deux mètres. Le jeune homme l’approcha de
sa tête, mais l’animal, pour se défendre, lui mordit le nez, ce qui chatouilla
Scarv. Le posant sur son épaule, il retourna à son bivouac pour commencer cette
journée avec un petit déjeuner.
La journée s’annonçait
merveilleuse en cette saison de printemps. Chaque matin, la contrée environnant
Midgard prenait fit, faisant place aux fleurs qui s’ouvraient, laissant
découvrir leurs merveilleuses couleurs. Les toiles d’araignée tissées entre
deux longues brindilles d’herbe brillaient à la lueur de l’aube. Des milliers
de toiles scintillaient de mille feux, et illuminaient cette prairie. Scarv
contemplait cette merveille avec un bol à la main, piochant dedans avec une
cuillère, et menant le tout vers sa bouche. Régulièrement, des chevaliers armés
de lances et d’épées, traversaient la contrée d’un bout à l’autre, partant du
palais de Midgard, jusqu’à Nosfel, une grande ville située au sud de l’immense
château protégeant la contrée des diverses attaques mettant en péril la vie
paisible des habitants de Stymfalan. Aujourd’hui, Scarv devait aller dans la
ville fortifiée qu’était Midgard pour se procurer des informations sur le
Temple des Rapaces. D’après son bout de papier où étaient indiquées les actions
qu’il devait faire pour rejoindre le Temple des Damnés, sa dernière
destination. Il était un peu inquiet. Du haut de ses 17 ans, Scarv avait déjà
parcouru bon nombre de villages, cherchant un refuge, mais ce n’est que depuis
près d’une semaine qu’il se souvint de ce que lui avait dit son grand-père lors
de ses dix ans. Durant ses 7 années, il avait erré seul dans des contrées plus
dangereuses les unes que les autres. Il était maintenant très loin de Ysséango.
Il donnerait tout pour pouvoir revoir son grand-père et sa famille. Ces sept
dernières années avaient été les plus horribles de sa vie. Mais il avait su les
surmonter.
Il était temps de se mettre
en route pour la mystérieuse ville qu’était Midgard. Il allait être dur de
franchir la porte qui mènerait à la place principale de la ville. Il fallait
qu’il se débrouille de telle sorte pour pouvoir y arriver. Mais il avait
entendu que les gardes de la porte principale étaient très sévères envers les
inconnus. Scarv n’était pas très rassuré de savoir que si ça tournait mal, il
devrait se battre avec ces deux grosses brutes épaisses. Il n’avait qu’une
dague ne faisant pas bien mal, et un maigre bouclier de bois n’offrant que très
peu de protection. Il ne ferait pas le poids face à eux. Il fallait qu’il
trouve les bons mots, des mots convainquants. Y arrivera-t-il ?
Lorsqu’il fut arrivé à la porte, le garde
lança un « Qui va la ? » en regardant vers le garçon.
- Je suis venu chercher des
informations sur le Temple de Rapaces, dit Scarv en regardant le garde dans les
yeux.
Soudain, les portes s’ouvrirent,
laissant montrer une fille habillée noblement sortir. Le garde, assommé sous la
porte, semblait marmonner des choses à peine perceptibles. La fille se retourna
vers Scarv, et le dévisagea en fronçant les sourcils.
- Qui es-tu ? cracha -t- elle.
- Je suis venu prendre des
informations sur le Temple des Rapaces, répéta le jeune homme.
La fille ne prit pas la peine
d’écouter car elle était déjà partie en direction de la forêt Desessart, la
plus grande forêt du royaume. Scarv, sautant sur l’occasion, prit la direction
de la porte étalée au sol et entra dans Midgard. Le joyeux animal qu’il avait
découvert tout à l’heure était sur son épaule, somnolent un peu. Le royaume
était immense, il contenait le quart de tous les habitant de Stymfallan. La
ville était habitée presque exclusivement d’humains, mais on peut quand
même y trouver certains elfes, déguisés pour ne pas que l’on les surprenne.
Malgré cela, l’ambiance était toujours vive dans ce château. Scarv essaya de
trouver un receleur qui pourra lui vendre une carte détaillée de la région. Il
savait qu’il devrait investir beaucoup, mais il avait prévu une bonne trentaine
de hulos. Il espérait aussi que si il lui restait de l’argent, il pourrait
s’équiper de meilleure arme, comme un Gladius pour une petite taille, ou une
épée ultime pour une meilleure portée. Pendant qu’il réfléchissait tout en marchant,
son animal lui mordillait l’oreille, de façon à le prévenir de regarder où il
mettait ses pieds. Mais, hélas, Scarv rentra dans une fille vêtue d’une veste
verte et d’une robe violette. Elle ne semblai pas très âgée et avait la tête
enveloppée dans une écharpe. Lors du choc, son écharpe s’envola, laissant découvrir
ses deux oreilles pointues, preuve que c’était un elfe.
- Regardez, c’est un elfe,
s’exclama une femme en la dévisageant. Garde !
La jeune fille se mit à
courir vers la sortie, sa jupe céda face à ses grandes foulés et fit place à un
pantalon de maille rouge, sur lequel était accrochée une longue épée mesurant à
peu près un mètre. Elle courai avec élégance, malgré son épée, elle avait l’air
habitué à ce genre de situation. Peu avant qu’elle sorte, les gardes de la
porte se jetèrent sur elle, mais elle les esquiva remarquablement, ce qui ne se
fit pas s’en étonner Scarv, bouche bée devant l’agilité de la fille. Elle en
transperça un puis, esquiva une estocade du garde restant. Ensuite, elle fit un
salto arrière et courut jusqu’à la porte, mais celle-ci se refermait petit à
petit. Scarv se mit à la poursuivre, après avoir pris dans la plus grande
panique une armure et une épée qu’il n’avait pas équipée. Se jetant sur le
premier garde, il jeta sa dague sur lui de manière à ne pas s’arrêter en route.
La femme jeta un regard en arrière, et le vit arrivé à toute allure. Pris de
peur, elle se précipita vers la porte mais elle tomba la tête la première sur
le sol. Scarv, la rejoignant, l’aida à se relever. L’elfe se releva toute seule
et se remit en course, mais Scarv ne se
décourageait pas, et se remit à la poursuivre. La fille, cinq cent mètres après
la porte, s’arrêta, sûrement par manque de souffle, laissant Scarv la
rejoindre. Après cette longue course confuse, Scarv s’adressa à la fille,
plié en deux, cherchant de l’air.
- Vous allez bien ?
L’elfe se remit à courir de
plus belle, mais s’effondra après quelques enjambés. Elle semblait inerte. Scarv
se précipita vers elle, l’a prit dans ses bras et l’emmena vers son campement improvisé.
Il avait parcouru toute la
forêt qui séparait Midgard de Nosfel. Lorsqu’il fut arrivé à son campement, il
déposa délicatement la jeune fille sur son lit. Il n’avait aucun talent
médical. Malgré cela, il arriva tout de même à lui mettre un bandeau d’eau
mouillé trouvé dans un lac, qu’il disposa sur son front, pour faire descendre
la température. Lorsqu’elle se réveilla, elle se releva brusquement, tournant
la tête de tous les côtés. Scarv essaya de la calmer, mais la fille, comme à
son habitude, sortit brusquement de son lit, prit son épée qui était en fait un
katana aiguisé. Elle menaça Scarv.
- Ne m’approchez pas !
cria-t’elle.
- Je ne vous veux aucun mal,
dit Scarv en esquivant une première charge de l’elfe, katana devant soi.
Scarv se dirigea vers sa
table où se trouvait son équipement et prit son épée. La fille, chargeant à
nouveau le jeune homme, fut cette fois bloquée grâce au magnifique maniement
des armes de Scarv. Il devait arriver à la faire tomber pour pouvoir lui
parler. La fille prit un marteau se trouvant sur la table pour le projeter sur
Scarv. L’épée de Scarv était lourde, ce qui n’était pas très facile pour les
déplacements rapides, mais il essaya, tant bien que mal, à éviter le maillet.
Heureusement pour lui, il l’avait évité de justesse. Scarv se jeta vers la
fille, et avec une parade, l’induisit en erreur, puis fit un coup de pied
horizontal au sol, ce qui fit tomber la fille dans le plus grand fracas,
laissant tomber son arme. Scarv, fier de lui, soufflant sur une mèche qui
tombait sur son visage.
- Tu es très fort, dit la
fille en haletant.
- Là ou j’habitais, le
maniement des armes était un art que seuls les plus sages connaissaient. Mais
malheureusement, je n’ai pu achever mon entraînement.
- Qui es-tu ? demanda-t-elle toujours au sol,
ne ce souciant pas de sa position.
- Je m’appelle Scarv, je suis
l’élu qui doit ramener la paix dans le monde, dit-il d’une voix hautaine. Je
viens de Ysséagno mais on m’a privé de ma famille. Je n’ai plus personne à qui
me confier.
Son petit animal sorti de sa
couette pour lui sauter sur l’épaule et lui mordit l’oreille, comme si il
voulait lui dire qu’il était là lui.
- Je suis pareille que toi,
mes parents se sont faits tuer lors de l’avancée des troupes humaines vers la
forêt de Nosfel. C’est depuis ce moment que ces saletés d’humains nous en veulent,
alors que c’est eux qui ont lancé l’assaut.
- Mais je dois sauver les
mondes au plus vite, allez-vous mieux ?
- Malgré ma jambe enflée, je
vais bien, grâce à toi. Tu es le premier humain qui daigne m’aider.
- Je ne fais aucune
différence de race, dit-il. J’ai été élevé dans un village où l’on apprenait la
sagesse, dit Scarv en regardant le soleil se coucher.